En mai… et en novembre 2003, la fameuse maison de ventes aux enchères SOTHEBY’S Paris a vendu des fauteuils incorrectement attribués à Jules Leleu pour un total de 68 600 €. Affaire classée, nous l’avons fait pour elle !
Chez DOCANTIC PATROL nous enquêtons sur les erreurs d’identification, de datation et/ou de documentation de meubles du XXème siècle. Nous fournissons pour cela des preuves irréfutables issues de documentations d’époque. Besoin d’un exemple frappant ? En voici un.
SOTHEBY'S a été interpellée par la DOCANTIC PATROL pour usurpation d’identité : « Wrong Artist » !
Le 16 mai 2003, la célébrissime maison de ventes aux enchères SOTHEBY’S Paris a vendu deux paires de fauteuils incorrectement attribuées à Jules Leleu pour respectivement 13 200 € et 19 800 €. L’étude a réitéré l’opération en vendant le 18 novembre de la même année une série de six fauteuils identiques pour 35 600 €... et toujours incorrectement assignée. SOTHEBY’S n’en est pas à sa première interpellation par la PATROL (pièce à conviction #1), l’erreur d’attribution n’étonnera donc personne. En revanche, cette nième erreur jette une fois encore un doute sur les sources documentaires de l’étude.
Pièce à conviction #1
En effet, l’ouvrage cité en référence par SOTHEBY’S Paris (pièce à conviction #2) n’est autre que le livre de Pierre Kjellberg, « Le mobilier du XXe siècle » publié en 1994 (pièce à conviction #3).
Pièce à conviction #2
Pièce à conviction #3
Cet ouvrage moderne est pourtant réputé dans le milieu de l’art comme étant truffé d’erreurs. La page 373 dans laquelle SOTHEBY’S Paris se drape avec fierté n’y échappe malheureusement pas ! En effet, il est connu de tous que ce modèle de fauteuils est en réalité une création de Levitan Décoration, une « marque » quelque peu moins réputée que celle de Leleu (pièce à conviction #4) !
Pièce à conviction #4
Aussi douée soit SOTHEBY’S Paris pour dénicher des trésors, avoir en vente dix fauteuils identiques de Leleu la même année aurait dû susciter l’étonnement et justifier de plus amples recherches… Ainsi, peut-être auraient ils découvert que nombre de commissaires-priseurs (BOISGIRARD en 2000, PIASA en 2002…) avaient correctement assignés ces fauteuils à Levitan (pièce à conviction #5) dans les années précédentes.
.
Pièce à conviction #5
La mauvaise attribution de ce modèle de fauteuils à Jules Leleu est de notoriété publique depuis 1999, année où la maison CAMARD avait fait parler d’elle au sujet d’une affaire identique.
D’ailleurs, depuis la vente, SOTHEBY’S Paris a – timidement – reconnu son erreur sur son site (pièce à conviction #6) et a par la même occasion certainement allégé son compte en banque en remboursant les acheteurs (du moins c’est à souhaiter) !
Pièce à conviction #6
Alors pourquoi déterrer des archives cette histoire qui sent la poussière ? Pour deux raisons :
La première est que même si certaines maisons comme AGUTTES font contentieusement leur travail (pièce à conviction #7), nombreuses sont celles qui semblent encore aujourd’hui faire confiance à cette expertise de SOTHEBY’S Paris et assignent par erreur leurs fauteuils à Jules Leleu. Comment peut-on leur en vouloir ? L’erratum de SOTHEBY’S Paris est particulièrement compliqué à trouver et bien qu’ayant admis sa faute, l’étude a « omis » de corriger le nom de l’artiste sur son propre site internet où « Jules Leleu (1883-1961) » est toujours présenté comme l’auteur légitime (pièce à conviction #2).
Pièce à conviction #7
La deuxième est que la documentation moderne n’aura jamais le même caractère de fiabilité que la documentation ancienne, éditée du vivant de l’artiste. Statistique intéressante, 100% des interpellations opérées par la PATROL sur des faits reprochés à SOTHEBY’S Paris concernent des œuvres dépourvues de référence bibliographique ancienne. Règle d’or en matière de design : l’œuvre n’a pas de références bibliographiques et/ou celles-ci sont issues d’éditions récentes ? Méfiance ! CQFD.
Au final, les grands gagnants de cette affaire sont les designers de chez Levitan et les vendeurs des fauteuils qui ne se sont pas encore remis de cette tartuferie (pièce à conviction #8).
Pièce à conviction #8
Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !
Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !
Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !
Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !
La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.
Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.
Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !