A trente-trois ans, Guy Charles Revol a étudié la sculpture avec bien des maîtres. Leurs différentes techniques, dont aucune ne correspondait complètement à son propre tempérament, ont contribué par leur diversité même à la formation de sa personnalité.
Déjà sa collaboration au pavillon de la France à l'Exposition de San Francisco, en 1939, avait été remarquée. Comme Jean-Denis Maillart, il rêve d'orner églises et palais, mais par d'autres moyens. Peut-être un jour se disputeront-ils les nudités de quelque monu-ment ; aujourd'hui, ils sont unis à la fois par l'amitié, par l'escalier (cet escalier C de l'immeuble du boulevard Malesherbes où Guy- Charles Revol occupe lui aussi un atelier) et par le téléphone qui leur est pratiquement commun, l'atelier de Maillart n'en possédant pas.
En attendant que les circonstances lui permettent de satisfaire ses goûts pour l'ornementation architecturale, Revol se livre à des activités diverses.
Naturellement, il sculpte, et ses bustes attirent l'attention par la sensibilité dont ils font preuve.
Mais il dessine aussi, et il oublie souvent alors qu'il est sculpteur pour travailler comme s'il ne se servait jamais que de crayons et ignorait le ciseau. On retrouve dans ses croquis sa sensibilité, mais une sensibilité un peu alourdie de sensualité et que l'on a presque envie d'appeler réceptivité.
Avec René Drouet, il imagine un jour le cadre d'une boutique de frivolités dont le nom : « Ondine », s'il rappelle qu'un simple filet de pêcheur suffit pour parer une jolie femme, évoque surtout le théâtre, pour lequel Guy Charles Revol se passionne, : il a exécuté les maquettes de décors de la Sauvage, de Jean Anouilh, à la Comédie des Champs-élysées, et sur ce chevalet ce sont d'autres maquettes en préparation.
Autour de nous voici les dernières oeuvres du sculpteur : les bustes de Paul Colin, de Leleu, de Monelle Valentin. Voici encore une statuette en bronze doré d'Antigone dressée dans son refus obstiné, et voici Monelle Valentin elle-même, venue bavar-der avec ses amis Revol et Maillart.
Corps frêle, petit visage ardent sous la masse des cheveux fauves elle descend les quelques marches qui conduisent à l'atelier et rit de se voir deux fois comme dans un double miroir.
Etrange rencontre où les deux images de pierre et d'or semblent presqu' aussi vivantes que la femme de chair et rendent témoignage à l'artiste qui les a créées.