Jacques Mottheau est né à Paris le 19 mai 1899. De 1915 à 1917, il est à l'École spéciale d'Architecture, puis est mobilisé Jusqu'en 21. Pendant trois années, il travaille dans la fabrique de bronzes de son père, puis passe une année chez le décorateur A.A. Rateau et entre en 1927 chez D.I.M, dont le directeur, a une grande influence sur son orientation artistique.
En 1930, il s'établit avec le peintre Boberman. Il expose au Salon d'Automne depuis 1932, et au Salon des Décorateurs à partir de 1933. En 1935, Jacques Mottheau est nommé professeur à l'École des Beaux Arts de Rennes et se fixe en Bretagne. Jusqu'à la guerre il y exerce son métier, installe, entre autres, un Rendez vous de Pêche et un hôtel à Rennes, mais surtout se voue à l'étude de l'artisanat breton. Enquêtes, conférences, cours, etc.
A l'Exposition de 37, il prend une part importante à l'organisation du Pavillon de Bretagne et présente une Auberge de la Jeunesse dans le Pavillon des Décorateurs. Mobilisé en 37, il retourne ensuite à Rennes qu'il quitte en 42. Il est nommé Chef adjoint du Bureau des expositions au service de l'artisanat, participe à l'enquête sur le mobilier traditionnel avec G.-H. Rivière et P.-L. Duchartre. En 1948 il est nommé professeur à l'École américaine des beaux-arts de Fontainebleau, en 50 au Collège technique de la rue Duperré, à l'École Normale Supérieure de l'Enseignement Technique et chargé de cours à l'École Normale Supérieure des Arts Décoratifs.
Membre du Comité supérieur de l'Enseignement des arts décoratifs, Jacques Mottheau qui a reçu des commandes de l'État, notamment pour l'Élysée, est Président de la Société des Artistes Décorateurs depuis 1950 et Chevalier de la Légion d'honneur depuis 53. Bibliographie : Jacques Mottheau, Meubles usuels, 3 recueils, Paris, Albert Lévy, 1951. Jacques Mottheau a mis en pratique les principes esthétiques résultants de son expérience artisanale en Bretagne. Dans ses meubles, d'une vigueur rustique, en beau bois de France se retrouvent, dépouillés, simplifiés les rythmes traditionnels et une logique adaptation de certaines moulurations et éléments dont il a apprécié la valeur décorative dans cet art breton, si bien connu, qu'il est presque devenu sien.
Cependant, bien qu'il ait participé depuis 1932 à toutes les manifestations d'art décoratif, Jacques Mottheau a toujours tendance à donner, dans ses activités, le pas à l'enseignement et surtout aux causes d'un intérêt général. De 35 à 42 il s'est consacré aux problèmes de l'artisanat breton dont il s'est efforcé de ranimer et d'actualiser la vitalité. Il ne s'est pas plus soucié d'encourager d'habiles artisans à répéter des formes et motifs ornementaux maintenant vides de sens, qu'à leur imposer des modèles.
Il a entrepris de les guider, de les mettre à même de répondre à des problèmes nouveaux en utilisant les techniques régionales. Tâche audacieuse qui a exigé autant de connaissances que de volonté et de goût.
Ce zèle combatif, depuis qu'il en est Président, Jacques Mottheau l'a mis au service de la Sté des Artistes Décorateurs. La Société, selon ses très logiques convictions, ne doit point avoir pour seule fin l'organisation de salons annuels : elle doit devenir un laboratoire d'essai de l'art décoratif français ; une fédération de toutes ses disciplines. Tous les efforts doivent être centrés sur l'élaboration d'un style répondant à une évolution sociale et à des besoins nouveaux.
Des rapports constants avec les artistes étrangers doivent s'établir afin d'élargir le champ des recherches. Lourde tâche que, modestement, Jacques Mottheau estime plus importante que l'oeuvre personnelle qu'en partie il sacrifie à cet apostolat.