Maurice Gensoli est né le 4 juillet 1892 à Oran. Son père était verrier et initia tôt son fils au métier tout en projetant d'y adjoindre le vitrail. C'est ainsi que Gensoli, encore élève au lycée d'Oran allait travailler auprès du Maître verrier Marcel Haussaire chez lequel il resta jusqu'au régiment.
Il devança l'appel et demanda d'être affecté au 1er Cuirassiers de Paris, espérant, ce qu'il ne put réaliser qu'occasionnellement, suivre des cours dans une école spécialisée.
Libéré en septembre 14 la guerre le reprend, blessé puis réformé il se trouve libre à l'armistice, mais sans emploi.
Un temps il créé des modèles de jouets pour une petite fabrique que dirigeait un de ses amis, à Meaux. En 21, René Chavance le présente à Le Chevalier-Chevignard directeur de la Manufacture de Sèvres où il est accepté comme artiste libre ; après l'Exposition de 25 il devient Chef du service de la décoration ; en 27 à son retour de Copenhague où il avait été .. échangé « avec Jean Gauguin , son poste lui est confirmé. Depuis il dirige les travaux exécutés par la Manufacture soit d'après des projets d'artistes extérieurs soit d'après ceux des décorateurs attachés à la Maison.
Cette importante et absorbante charge lui laisse cependant la possibilité d'entreprendre et de poursuivre son œuvre personnelle. Depuis 22 Gensoli expose au Salon des Artistes Décorateurs et de 24 au Salon d'Automne et participe à de nombreuses expositions en France et à l'Etranger ; il remporte prix et diplômes et reçoit des plaquettes d'or de la Société d'encouragement à l'Art et à l'Industrie ; délégué à la Société française de céramique, membre du jury de la Manufacture de Sèvres, Gensoli a exécuté des fontaines en céramiques pour les paquebots .." Normandie " et " Liberté " et a des œuvres dans les musées de la Ville de Paris et de l'Etat. Chevalier de la Légion d'honneur en 38, Maurice Gensoli a été promu Officier en 52.
Bien que le rôle de Gensoli en qualité de chef du Service de la Décoration à la Manufacture Nationale de Sèvres ait eu, et continue à avoir, une singulière influence sur l'évolution de la céramique contemporaine c'est sur son oeuvre personnelle qu'il convient ici de donner quelques précisions. . Rompu à toutes les techniques Gensoli, chimiste expérimenté, est surtout attiré par les recherches de matières et de colorations. Ses grès grand feu ou ses porcelaines sont cuits à très haute température (1.400°) « son art est réfléchi ..
il résiste aux incidences du feu,' partant de données expérimentales voisines de l'alchimie il s'efforce de rester maître des transmutations qu'il a conçues, et ses pièces sont toujours tournées puis modelées en fonction de la nature de l'émail qu'elles recevront.
Gensoli a banni toutes tonalités vives ou violentes,' bien qu'il ait usé avec bonheur de certaines colorations sombres et graves il apparaît tel le maître des gris délicatement nuancés et ses beiges rosés (à base d'or) sont une douceur sensuelle.
La qualité particulière de ces revêtements colorés, s'obtient par un lent et minutieux travail de préparation jeux de fond invisibles sur la Pièce terminée mais qui servent à retenir l'émail, à lui donner des résonances, une souplesse presque vivante.
Gensoli conçoit ses' formes, toujours inspirées par la nature .. galbes les plus purs du corps humain ou parfois rythmes ou volutes de certains coquillages, indépendamment de tout usage.
Ses vases n'attendent point de fleurs mais au contraire tendent à se refermer et sont souvent sommés d'un bouchon dont le décor témoigne de réminiscences asiatiques, volontairement recherchées Pour faire chanter la beauté nue de la matière magnifiée par des émaux aux harmonies sensibles, secrètes, silencieuses...